Benoît Bideau et Amélie Rébillard.
Quel est l’objectif du projet YEAH! (Youth hEAlth from a Holistic perspective) ?
Benoît Bideau et Amélie Rébillard, directeur et directrice adjointe du laboratoire M2S : Le projet a pour but d’engager des enfants et adolescent·es de 8 à 16 ans dans une activité physique, grâce à une application mobile utilisée par leur entourage : parents, enseignant·es, éducateur·trices, mais aussi professionnel·les du domaine médical et paramédical. Les liens entre le manque d’activité physique et l’échec scolaire ou les maladies métaboliques telles que l’obésité sont en effet bien connus, tout comme l’importance d’être dans une démarche holistique, qui cible plusieurs aspects de la santé (activité physique, nutrition, sommeil) et toutes les personnes autour de l’enfant, pour lui faire adopter sur le long terme un nouveau comportement. Ce projet s’inscrit dans la démarche générale du laboratoire M2S qui vise à promouvoir l’activité physique des populations, tout en s’attaquant aux inégalités en matière de santé.
C’est un projet interdisciplinaire européen ambitieux, porté par l’université Grenoble Alpes et qui réunit 17 universités dans toute l’Europe. Quel rôle joue Rennes 2 ?
B. Bideau et A. Rébillard. Nous jouons un rôle central puisque nous allons réaliser l’application numérique. Sa spécificité va être de proposer des conseils et actions personnalisés à chaque enfant, quel que soit son pays, son âge, son genre, son environnement socio-économique, etc. Notre laboratoire est bien connu pour ses compétences sur le numérique et la quantification de l’activité physique, mais nous allons également collecter des données liées au sommeil et à la nutrition. D’autres aspects seront aussi pris en compte, comme les facteurs psycho-sociaux liés à la pratique du sport. C’est pour cette raison que sont associées toutes ces universités spécialistes dans leur domaine, et cette pluridisciplinarité nous donne la chance de créer des liens très enrichissants au niveau international. Enfin, cette solution numérique se veut itérative, c’est-à-dire que nous allons concevoir un algorithme qui s’améliorera à mesure que des données lui seront fournies.
Le projet est lancé en janvier 2025 pour une durée de 5 ans. Quelles sont les prochaines grandes étapes ?
B. Bideau et A. Rébillard. La réunion de lancement a eu lieu le 20 janvier 2025 à Bruxelles. Les premiers mois vont être consacrés à une analyse de l’état de l’art, par plusieurs équipes de recherche, sur les meilleures techniques de changement de comportement, afin de nous guider et de nous fournir des indicateurs spécifiques à intégrer à l’application. Nous allons commencer à travailler en parallèle sur le développement de notre algorithme intelligent : nous avons une petite pression temporelle puisque nous devons livrer l’application dans 2 ans et demi. Commencera alors une phase d’intervention de 12 semaines où elle sera testée sur des cohortes de 7 pays différents, représentant plus de 2000 enfants et adolescent·es. Puis ces tests seront évalués pour livrer les résultats. Si elle est bien réalisée, cette application numérique a ensuite vocation à être largement utilisée au travers de l’Europe.